Point de chute 

le récit
2024
texte 

En juin 2024, je poursuivrai ce projet à l’invitation de l’Alliance Française à Cluj en Roumanie. Je souhaite écrire une retranscription libre de récits que je collecte auprès de personnes qui font ou qui ont fait avec la « chute » dans leur quotidien. Ces personnes sont personnel de prison, circassien.nes, écrivain.es, danseu.ses, artistes. Je termine les discussions par cette question : est-ce que chuter, c’est échouer ?
J’envisage ce texte comme une forme éditoriale particulière et débordante, visant à être déployée en public, qui mêle langage écrit, langage visuel, et langage corporel.

Projet réalisé dans le cadre de la convention de partenariat entre l’Institut français et la Ville de Nantes, et qui reçoit le soutien de la DRAC des Pays de la Loire et de la Région des Pays de la Loire.



Point de chute 

histoire d’une chute
en cours
images, performance 

Réalisé en résidence à La Générale (Paris) en juin 2023, Point de chute se poursuivra à l'Alliance Française de Cluj en Roumanie en juin 2024. Une performance a été réalisée sur Chatroulette le mardi 20 juin 2023 à 11 h 30 devant public à La Générale.

Lundi 19 juin 2023, je suis parti de La Générale dans le 14e pour me rendre au 27 avenue René Coty. Je suis passé devant le 34 rue Daguerre, immeuble dans lequel mes parents ont habité en arrivant à Paris. Puis je suis arrivé au 27 avenue René Coty devant la librairie roumaine antitotalitaire. Celle-ci était fermée et un numéro de téléphone se trouve sur la porte. Je l'ai composé et un homme m'a répondu. La librairie avait été montée sous la dictature de Ceausescu, et a fermé il y a quelques années. Le responsable est retourné à Cluj en Roumanie, ville dans laquelle je vais me rendre en juin 2024 pour faire une résidence. Je me fais prendre en photo par un homme avec dans les mains un photogramme du procès de Ceausescu retransmis à la télévision en direct le 24 novembre 1989, et qui devait être exécuté avec sa femme le lendemain. J'avais 14 ans à ce moment-là et j'avais suivi comme beaucoup de Français la diffusion de l'arrestation, du procès et de l'exécution à la télévision. J'étais comme beaucoup d'élèves en vacances, chez ma grand-mère dans les Pyrénées. Le temps était plutôt chaud et il ne devait pas y avoir de neige à cause de vents chauds venant du sud de l'Europe ou plus certainement du continent nord-africain.



Le jeudi 21 juin 2023 à 10h30, je découvre par hasard que la librairie roumaine antitotalitaire sise au 27 avenue René Coty est également située au 27 allée Samuel Beckett, Paris 14. Prenant ça comme un signe de l’écrivain, je me fais référencer sur Google Maps à cette adresse, en tant qu’attraction touristique à Paris. Vous pouvez me laisser un commentaire et une note si vous le souhaitez : 27 allée Samuel Beckett 75014 Paris



Au mois de septembre 2023, l'artiste Frégory Volant réalise la photographie “Samuel B. et Grégory V. à Paris” , qui sera exposée du 8 au 9 septembre 2023 au musée d'art de N. non loin de la photographie de Mircea Cantor All the directions. Je laisse un gentil avis sur le musée d'art de Nantes en les remerciant d'avoir exposé une œuvre de Frégory Volant et le jeudi 14 septembre, ils me répondent en me remerciant pour ma mise en lumière sur cette œuvre, avis que vous pouvez lire ICI



Je visionne une archive INA du journal d'Antenne 2 datée du 26 décembre 1989. En titre du journal est annoncé la mort du dictateur Ceaușescu et celle de Beckett. Le lien entre les deux est fait, le récit continu.


         

Point d’arrêt reçoit l’Aide individuelle à la création de la DRAC des Pays de la Loire (2022) et l’Aide au projet de création arts visuels de la région des Pays de la Loire (2022).

Point de chute 

installation
en cours
images, vidéos, installation 


Il y a quelques années, avait eu lieu à Paris l’exposition de Bas Jan Ader. J’avais été impressionné par les formes courtes de ces quelques vidéos performatives, qui tournaient en boucle, répétant des actions de chute de l’artiste. Des années plus tard, je comprends pourquoi. Ces vidéos cristallisaient les morts par chute de mon grand-père tombé d’un toit, et de sa fille, ma mère, tombée dans la Seine avec son vélo. J’ignore ce qu’il y a eu avant la chute, je ne sais pas ce qui cause la chute, et je n’ai pas vu ce qui a eu lieu après la chute. C’est pour tenter d’approcher de ce vide visuel que j’entreprends mes recherches, de manière subjective et instinctive. Je construis des éléments plastiques qui viennent alimenter un récit dans lequel j’invite le public à s’immerger : je réalise des installations qui jouent avec un équilibre ténu ; j’expérimente la chute en me mettant en scène dans des vidéos ; je compile puis je classe des évènements liés à la chute que j’enregistre sur des cassettes audio ; j’assemble des objets du quotidien pour créer des installations en suspens ; je fais des photomontages de chutes issues de l’histoire de l’art ; je recueille des récits de chute que je retranscris ; … Ces différentes entrées me permettent de parler du lâcher-prise, de la peur du vide, du suspens chorégraphique de ce(ux) qui tombe(nt).

Point d’arrêt reçoit le soutient : Institut Français + Ville de Nantes (2024) ; Aide individuelle à la création de la DRAC des Pays de la Loire (2022) ; Aide au projet de création arts visuels de la région des Pays de la Loire (2022).



4 sculptures, 2023

10 vidéos, format divers


Panneau d’archives de chute et une cassette audio, 45 minutes

Photo-montage

La suppression des images

2024

Il y a 24 ans ma mère se donnait la mort. J'avais 24 ans à l'époque. La photographie devient alors le moyen pour moi de dépasser le traumatisme par un travail de symbolisation, « comme une exaltation de la vie dans la représentation de la mort » pour reprendre les mots de Serge Tisseron. Je n’avais pas été reconnaître le corps de ma mère. Peut-être que, de voir son visage mort, je ne serai pas passé par toutes ces étapes. La photographie est restée profondément liée au deuil et tout ce que j’entreprenais alors était teinté de cette gravité. Par paliers successifs, on peut dire que mes travaux photographiques m’ont permis de surmonter ce traumatisme. Arrivé au bout d’un processus, j’opère aujourd’hui dans mes projets un déplacement vers le vivant, l’action, le jeu, en exacerbant un humou mordant, mais toujours joyeux. C'est pourquoi je décide d'en finir avec la photographie.


Le 7 novembre 2023, sur le Bon Coin, je dépose une annonce pour faire un don de mon appareil photographique. J’ai beaucoup voyagé avec, surtout en train, mais cela est lié au décès de ma mère, survenue à la fin des années quatre-vingt-dix. Puis il y a eu la rencontre avec le photographe Klavdij Sluban, qui m’a amené à appréhender une certaine manière de penser la photographie, de la pratiquer.

Le jeudi 9 novembre 2023 à 13h, j’ai rendez-vous à la gare avec Thibaut (la personne qui possédera désormais mon appareil). J’envoie un texto et je regarde autour de moi pour savoir qui est Thibaut. Est-ce ce monsieur, ce jeune homme ou encore cette personne là-bas ?

Enfin, Thibaut arrive et je lui explique l’histoire de l’appareil. J’ai imprimé un contrat stipulant que je donne l’appareil avec une pellicule noir et blanc Tmax 3200, mais qu’en contre-partie, Thibaut doit photographier avec ce film.








Le jeudi 11 avril 2024, Thibaut me remet le film que je développe. Ce sont les dernières images que je posséderai, prises par un autre.

Le mercredi 27 mars 2024 à 15h30, je passe devant un jury pour obtenir un diplôme de l’École National Supérieur de la Photographie (ENSP) à Arles. Vers 16h45, le jury me fait savoir que je suis apte à faire parti de la grande famille des photographes, grâce à l’obtention avec mention de mon diplôme. En sortant, je signe un contrat avec moi-même dont l’objet est : « Pour en finir avec la photographie ».





Le vendredi 29 mars 2024 vers 10h, pour honorer mon contrat et dans un geste cathartique, je décide de jeter tous mes négatifs, tirages photographiques et planches-contacts à la poubelle.